Audition de Dominique de Villepin le 9 avril 2025

Commission des affaires étrangères - Dominique de Villepin, un plaidoyer pour un multilatéralisme renouvelé et un sursaut diplomatique français.

Commission des affaires étrangères – Dominique de Villepin, un plaidoyer pour un multilatéralisme renouvelé et un sursaut diplomatique français.

Une semaine après l’audition du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères Jean-Noël Barrot, la Commission des affaires étrangères a auditionné l’ancien Premier ministre et ancien ministre des affaires étrangères, M. Dominique de Villepin. 

Partant d’un diagnostic radical sur l’état des relations internationales, il a fixé en quelques principes les causes des hésitations et désengagements français en matière diplomatique et les moyens pour la France de réaffirmer son influence géo-stratégique. 

L’affirmation sur la scène mondiale de puissances impérialistes et belliqueuses, la domination de la force dans les relations internationales, et la volonté de soumission de l’ordre multilatéral issu de 1945 dessinent une « nouvelle équation stratégique du monde » où la France doit pouvoir construire un multilatéralisme nouveau, décentré des géants actuels et davantage tourné vers nos anciennes attaches africaines et le « Sud global ».

Fort de cette analyse, M. de Villepin théorise brillamment les besoins de la diplomatie française en insistant sur un principe : la stabilité, la constance dans les relations internationales, soutenue par un « principe d’unité » de notre nation.

À juste titre, M. de Villepin a déploré les hésitations des choix diplomatiques de ces dernières décennies, les engagements « par éclipses » de notre président qui ont impliqué un recul sur nos relations avec l’Algérie par trop de faiblesse, une torpeur face à l’offensive russe et des hésitations malheureuses vis-à-vis des États-Unis. La fermeté française doit être selon lui tenace et manifester un véritable engagement dans les crises, en s’appuyant sur un cadre multilatéral, pour ne pas renoncer à l’avantage que constitue notre diplomatie.

S’il faut donc réapprendre à « dire non » aux impérialismes, à la chute de la coopération internationale, M. de Villepin nous enjoint à le faire de façon continue surtout pour inventer « une nouvelle voie multilatérale » où la France doit être chef de file. C’est donc à un réengagement qu’appelle l’ancien ministre, et non au « désaveu de notre diplomatie » patent depuis 2007, un réveil fort de l’UE pour « se doter de tous les outils de la souveraineté économique et technologique, ce qui permettrait à la France d’affirmer ses intérêts avec des champions européens ».

M. de Villepin insiste sur la nécessité de retravailler à nos relations économiques avec la Chine et l’Afrique. Mais c’est surtout le cas de l’Algérie qui souligne cette nouvelle attitude.

Conscient des hésitations de la politique du Président Macron et du manque d’avancées effectives depuis 1962, l’ancien ministre enjoint le gouvernement à tenir les exigences réalistes qu’il aurait toujours dû tenir : le dossier algérien doit être traité avec fermeté et ne doit pas nous empêcher d’approfondir nos relations avec le reste du Sahel, notamment avec le Maroc, partenaire commercial autrement plus important.

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